sâmbătă, 6 noiembrie 2010

L, epuisement professionnel

Description médicale
L’épuisement professionnel est surtout connu sous l’appellation anglaise burnout. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), il se caractérise par « un sentiment de fatigue intense, de perte de contrôle et d’incapacité à aboutir à des résultats concrets au travail »1.
C’est en 1969 que le terme burnout a été utilisé pour la première fois. Il a fait l’objet de nombreuses définitions depuis. L’Institut Douglas, spécialisé en santé mentale, a retenu celle-ci : « Le burnout est le produit d’efforts disproportionnés (en temps, en émotion et en engagement), d’une faible satisfaction résultant de ces efforts et de conditions de stress en milieu de travail »2.
Dans les années 1970, on réservait l’expression aux employés du domaine de la relation d’aide, très engagés émotivement dans leur travail, tels les infirmières, les médecins, les travailleurs sociaux et les enseignants. Maintenant, on sait que tous les travailleurs — de l’ouvrier au chef d’entreprise — peuvent être exposés au burnout.
Ampleur du problème
On ne dispose pas de statistiques précises sur l’épuisement professionnel. Néanmoins, 26 % des travailleurs  affirment vivre un niveau de stress quotidien élevé, selon une vaste enquête menée en 20053. Ce qui est également le cas de 28 % des travailleurs de l’Union européenne4.
. Ces personnes étaient plus nombreuses à déclarer avoir une santé passable ou mauvaise et à avoir des problèmes de sommeil.
Causes
Une association de facteurs mène souvent à l’épuisement. On connaît assez bien les principales sources de stress au travail qui, selon certaines enquêtes, ont trait à la manière dont le travail est organisé5. Être constamment surchargé de travail et manquer d’autonomie — ne participer à aucune décision liée à sa tâche — arrivent en tête de liste. Des responsabilités mal définies et un déséquilibre entre les efforts fournis et la reconnaissance obtenue sont également nocifs pour la santé psychologique, lorsque la situation persiste. Pour en savoir plus sur les sources de stress au travail, voir notre dossier Surmonter le stress au travail : enfin des solutions.
Cependant, on s’explique moins bien pourquoi des personnes vivent plus de stress que d’autres. Certaines attitudes (trop grande importance accordée au travail, perfectionnisme) sont plus fréquentes chez les individus qui vivent de l’épuisement professionnel. Selon les recherches, il semble que la faible estime de soi soit un facteur déterminant. En outre, certains contextes de vie, comme de lourdes responsabilités familiales ou encore la solitude, peuvent mettre en péril la conciliation travail-vie personnelle.
Peu importe les sources de stress au travail, il se produit un déséquilibre entre la pression subie et les ressources (intérieures et extérieures) dont on dispose pour l’affronter. Certains individus éprouvent de la difficulté à reconnaître leurs besoins et à les exprimer auprès de leur employeur. Il arrive aussi que les difficultés soient énoncées, mais qu’elles demeurent lettre morte, en raison du mode de gestion de l’organisation ou du type de poste.
Le stress, qu’il soit positif (stimulant) ou négatif (paralysant), apparaît dans les situations suivantes :
une situation nouvelle;
une situation imprévue;
une impression de perte de contrôle;
une situation menaçante et déstabilisante pour l’individu, jusque dans sa nature profonde (ce qui est notamment le cas pour les victimes de harcèlement psychologique ou moral).

Conséquences
Un épisode d’épuisement professionnel peut avoir des répercussions dans toutes les sphères de la vie. Dans pareil cas, la victime peut alors glisser vers la dépression. Certaines personnes peuvent vivre de l’anxiété, souffrir de troubles alimentaires, avoir des problèmes de toxicomanie ou, à l’extrême, des pensées suicidaires. Certains travailleurs s’épuisent même au point d’y laisser leur vie. Le terme japonais karoshi désigne la mort subite par épuisement nerveux au travail, causée par une crise cardiaque. Le phénomène a été observé pour la première fois au Japon à la fin des années 1960.
Le stress chronique entraînerait aussi plusieurs dérèglements sur le plan physiologique. On sait, par exemple, que le diabète de type 2, l’obésité et les maladies cardiovasculaires sont plus courants chez les gens qui vivent une forte pression psychologique.
Diagnostic
L’épuisement professionnel n’est pas officiellement reconnu comme une maladie mentale. Pour l’instant, il ne figure donc pas dans le DSM IV, le manuel médical des troubles mentaux. Il entre dans la catégorie des troubles d’adaptation.
Le diagnostic est difficile à établir, car les médecins ne disposent pas de critères précis. Aussi, distinguer un épuisement professionnel d’une dépression n’est pas chose simple. Pour le moment, les médecins se basent sur l’entretien qu’ils ont avec le patient et les symptômes que ce dernier éprouve. En cas de doute, la consultation d’un psychiatre est parfois suggérée.
Des recherches en cours pourraient permettre d’améliorer le diagnostic. Certaines portent sur l’identification de marqueurs biologiques pour détecter le stress chronique. Une quinzaine de marqueurs sont sous la loupe des chercheurs, incluant les taux sanguins de cortisol, d’adrénaline, de protéine C-réactive, de glucose et de cholestérol, de même que la tension artérielle et le rythme cardiaque.
Ces marqueurs sont souvent étudiés isolément dans le but d’évaluer le risque d’un problème de santé particulier, comme le diabète de type 2 ou l’hypertension. Il semble que sous l’effet du stress chronique, un fin dérèglement de plusieurs systèmes hormonaux se produirait en même temps. Ainsi, les marqueurs resteraient dans les limites de la normale, mais près des valeurs minimales ou maximales.
Symptômes
L’épuisement se produit insidieusement. On emploie parfois les mots « dépersonnalisation » et « déshumanisation » pour décrire ce qui survient à l’individu, comme s’il perdait, pour quelque temps, une part de lui-même.
Peu à peu, il déploie une énergie grandissante pour accomplir son travail, sans toutefois en obtenir de satisfaction. Les frustrations s’accumulent et le cynisme augmente. La concentration est de plus en plus difficile à obtenir. Des symptômes physiques peuvent apparaître, comme des maux de dos ou de l’insomnie.
Pour corriger une telle situation, le travailleur opte souvent pour un investissement encore plus grand dans son travail, jusqu’à l’épuisement. Cette marche « à vide » peut durer des années. Le déni est typique de l’épuisement professionnel, ce dernier étant souvent vécu comme un aveu d’échec.
Remarque. Les symptômes suivants sont les plus fréquents, mais n’apparaissent pas tous nécessairement.
Symptômes psychologiques
Une fatigue persistante.
Une démotivation constante par rapport au travail.
Une irritabilité marquée, des colères spontanées.
Une attitude cynique et un sentiment de frustration.
Le sentiment d’être incompétent.
Le goût de s’isoler.
Un sentiment d’échec.
Une baisse de confiance en soi.
De l’anxiété, de l’inquiétude, de l’insécurité.
Une difficulté à se concentrer.
Des pertes de mémoire.
Une difficulté d’exercer un bon jugement.
De l’indécision, de la confusion.
Des pensées suicidaires, dans les cas les plus graves.
D’où viennent les colères spontanées?
La réponse de Sonia Lupien15, directrice du Centre d’études sur le stress humain de l’Institut Douglas :
« Si une même situation revient constamment me stresser, je peux m’y habituer. Je m’habitue, par exemple, à ce qu’un collègue dévalorise mon travail en réunion chaque mardi. Cependant, le prix à payer est très grand : le cerveau et le corps deviennent trois fois plus réactifs à tout autre élément de stress. Cela explique les colères spontanées qui surviennent au travail ou à la maison. »
Symptômes physiques
Une fatigue persistante.
Parfois, des douleurs, selon les fragilités individuelles : des maux de dos, des douleurs musculaires, des migraines, etc.
Des problèmes digestifs, des ulcères d’estomac.
Des problèmes cutanés.
Un sommeil perturbé.
Une perte ou un gain de poids.
Des infections plus fréquentes (rhume, grippe, otite, sinusite, etc.).
Dures, dures fins de semaine...
Après une période de travail excessif et de stress, le repos - les fins de semaine ou le début des vacances -, peut faire ressurgir des maux comme la migraine, la grippe et les douleurs musculaires. C’est ce qu’on appelle le « syndrome du bourreau de travail ». Environ 3 % des travailleurs en seraient atteints, selon une enquête menée aux Pays-Bas7. L’adrénaline serait en partie responsable de ce phénomène. Sécrétée de façon continue sous l’action du stress, elle réduirait nos défenses immunitaires. Les nombreux cafés consommés pour maintenir la cadence ainsi que les nuits sans sommeil pourraient, quant à eux, provoquer des migraines.
Personnes à risque
Selon les experts, personne n’est à l’abri de l’épuisement professionnel8. Hommes et femmes en sont touchés en proportions égales. De plus, aucune catégorie d’âge n’a été définie comme étant plus à risque8,9.
L’épuisement professionnel : un signe de faiblesse?
Ce qu’en pense Sonia Lupien15, directrice du Centre d’études sur le stress humain de l’Institut Douglas :
« Ce n’est pas une faiblesse. C’est l’organisme qui est déréglé. On a découvert, récemment, que lorsque les hormones du stress remontent au cerveau, elles modifient la manière dont on détecte la prochaine situation. Les hormones modifient donc la façon de voir les choses. Plus on est stressé, plus on génère de réponses de stress. Le verre devient de plus en plus vide. On tombe alors dans un cercle vicieux qui peut mener à l’épuisement professionnel. »
Facteurs de risque
Certaines situations, attitudes ou caractéristiques individuelles, peuvent, dans un contexte de travail stressant, contribuer à l’épuisement professionnel.
Manquer d’estime de soi. Par exemple, lorsque l’employeur fixe un objectif élevé qui n’est finalement pas atteint, les personnes qui ont peu d’estime d’elles-mêmes peuvent le vivre comme un échec personnel. Elles ont tendance à prendre les objectifs pour des absolus et non pour des idéaux. Un sentiment d’incompétence peut s’installer. Or, le manque de compétence est rarement en jeu dans les cas d’épuisement, affirment les experts.
Avoir de la difficulté à poser ses limites dans un contexte de surcharge de travail.
Avoir des attentes élevées envers soi-même.
Les responsabilités à l’extérieur du travail : prendre soin des enfants, des parents ou d’un proche dans le besoin.
Faire de son travail le centre de sa vie.
Faire preuve de perfectionnisme dans tous les aspects de son travail, sans égard aux priorités.
Avoir une conscience professionnelle élevée. Lorsque la pression monte, ce sont habituellement les employés performants qui écopent. De plus, ceux-ci peuvent avoir de la difficulté à laisser de côté les problèmes du travail à la fin de la journée.
Ne pas savoir déléguer ou travailler en équipe.
Prévention
Mesures préventives de base
Divers moyens pour réduire le stress et ainsi réduire le risque d’épuisement professionnel1,10,14.
Bien s’entourer et discuter avec ses proches des difficultés vécues au travail afin de se sentir soutenu. Le soutien social serait le meilleur tampon contre le stress chronique.
Être à l’écoute des symptômes physiques et psychologiques liés au stress.
Une fois le stress détecté, apprendre à découvrir ses causes.
Engager des discussions avec ses collègues et son supérieur sur l’organisation du travail. Tenter de trouver des changements profitables pour tous.
En collaboration avec l’employeur, tenter de fixer des objectifs plus réalistes et plus gratifiants.
Dresser une liste des tâches prioritaires à accomplir, ce qui aide à mieux gérer son temps. Pour aider à déterminer les priorités, donner à chaque tâche un degré d’importance et d’urgence.
Apprendre à dire non de temps en temps.
Connaître le temps requis pour chacune des tâches à accomplir.
Apprendre à déléguer.
Prendre le temps de réfléchir avant de se plonger dans un travail. Bien préciser l’objectif et évaluer les divers moyens pour y parvenir.
Profiter de son heure de dîner, dans la mesure du possible, pour « décrocher ».
Entre chaque heure de travail, prendre cinq minutes pour « décrocher »  et se changer les idées : écouter de la musique, méditer, faire des étirements, etc.
Attention de ne pas devenir esclave de la technologie : le téléphone portable et Internet peuvent rendre les personnes accessibles 24 heures sur 24. Offrir des heures de disponibilité à son employeur et tenter de s’y limiter.
Échanger des trucs et des expériences entre collègues. Pour les travailleurs autonomes, se créer un réseau de contacts avec d’autres personnes dans la même situation.
Faire l’examen de ses habitudes de vie. Certaines peuvent contribuer au stress, comme une grande consommation d’excitants (café, thé, sucre, alcool, chocolat, boissons gazeuses). L’exercice physique, quant à lui, peut donner un bon coup de main pour prévenir ou réduire le stress, tout en facilitant le sommeil. Les experts recommandent 30 minutes d’exercice physique, cinq fois par semaine. Se maintenir en bonne santé physique a un effet positif sur la santé psychologique.
Se réserver du temps pour soi, sa famille, ses loisirs, etc.

La prévention de l’épuisement professionnel n’incombe par seulement aux individus, mais aussi aux entreprises. Pour en savoir plus sur les mesures à favoriser dans les organisations, consulter notre dossier Surmonter le stress au travail : enfin des solutions.

Mesures pour prévenir les récidives
Au moment de la reprise du travail, discuter avec son employeur afin de trouver une situation convenable. Un retour progressif peut être de mise, de même qu’un suivi par un médecin. De plus, discuter avec son employeur des aménagements possibles à l’organisation du travail avant de s’y replonger.

Traitements médicaux
L’objectif du traitement est de retrouver sa santé et de concevoir une manière d’accomplir son travail de façon satisfaisante, sans s’épuiser.
L’arrêt de travail est souvent nécessaire. La durée du congé de maladie est variable, mais on n’a pas tendance à prescrire de longs congés. En fait, un très long congé risque de rendre la reprise du travail encore plus difficile.
Le repos que permet le congé de maladie est essentiel puisque les réserves d’énergie sont à plat chez les victimes d’épuisement professionnel. Cependant, il est insuffisant pour régler le problème et éviter les rechutes. « Le repos ne guérit pas le burnout. Un réel changement doit être intégré dans la vie de ces personnes (...) qu’il s’agisse d’un changement d’environnement de travail, de mode de vie, de philosophie ou de vision du monde », précisent les spécialistes de l’Institut Douglas. La solution passe donc aussi par le changement.
Mais avant d’amorcer des changements, on doit prendre conscience des raisons qui ont mené à l’épuisement. Pour ce faire, la consultation d’un psychologue ou d’un psychothérapeute dûment formé peut être d’une aide précieuse. Il s’agit de découvrir ce qui cause du stress et de trouver des solutions pour s’y attaquer.
Il existe plusieurs types de psychothérapies. La thérapie cognitivo-comportementale est la plus couramment employée. D’autres types de thérapies peuvent être appropriés, comme l’approche systémique, qui se penche sur les interactions avec l’entourage.
Lorsque, dans un milieu de travail, plusieurs personnes sont touchées par l’épuisement professionnel, un psychologue du travail (psychologue organisationnel) ou un spécialiste en gestion des ressources humaines peut aider à faire les changements nécessaires qui rendront l’environnement de travail plus sain pour tous.
En ce qui concerne l’usage de médicaments antidépresseurs, les experts de l’Institut Douglas estiment que les changements hormonaux qui se produisent durant un épuisement se replacent peu à peu, avec le repos11. Cependant, pour certains individus, ces médicaments peuvent donner un bon coup de pouce pour aider à surmonter l’épreuve. En discuter avec son médecin.

Selon l’Organisation mondiale de la Santé5, les employés les plus satisfaits :
trouvent dans leur travail une occasion de réalisation personnelle;
obtiennent des marques de reconnaissance du travail accompli;
y trouvent un sens;
ont des responsabilités;
ont des possibilités d’avancement.
Le burnout n’est pas qu’un problème individuel, mais aussi un mal de notre société. C’est la personne qui craque, mais les sources du problème vont au-delà de la personne elle-même. En fait, c’est l’interaction entre l’individu et les structures qui l’entourent qui est en cause.
La quête de perfection et la difficulté à respecter ses limites, auxquelles s’ajoute la pression liée à la quête du profit, amènent les individus à un déséquilibre dans leur vie. Souvent, le corps donne des signaux d’alarme qu’il est important d’entendre, comme de la fatigue ou des infections fréquentes.
Lorsque l’on atteint ses limites, c’est le moment de faire un bilan : vie personnelle (incluant les loisirs, la détente et l’activité physique), vie familiale et vie professionnelle.
Une bonne part du travail consiste à rebâtir l’estime de soi. On se dit parfois à tort : « Je vaux ce que les autres pensent de moi. » On investit alors dans notre personnage pour continuer à être apprécié. Mais, on doit plutôt prendre conscience de notre propre valeur intérieure. Reconnaître, par exemple, ses vraies compétences et ses qualités. On retrouve ainsi l’énergie et le plaisir de vivre pleinement.
Un professionnel de la santé mentale peut aider à faire cette démarche. On peut alors apprendre à se détacher de la quête de performance, qui est omniprésente dans la société actuelle, et à ne pas se sentir dépassé ou incompétent.
Dr med Karol Chami

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