Crise économique de 2008-2010
La crise économique de 2008-2010 appelée souvent dans le monde anglophone Grande Récession (Great Recession)est une récession dans laquelle sont entrés la plupart des pays industrialisés du monde suite au krach de l'automne 2008, seconde phase de la crise financière de 2007-20105,6. Les États-Unis ont été les premiers à entrer en récession, en décembre 20077, suivis par plusieurs pays européens au cours de l'année 2008, ainsi que la zone euro dans son ensemble. La France n'entre comptablement en récession qu'en 2009. Cette crise économique mondiale est considérée comme la pire depuis la Grande Dépression8.
Cette crise est marquée par une forte hausse des prix du pétrole et des produits agricoles. La montée exorbitante des prix des actifs et celle associée de la demande sont considérées comme la conséquence d'une période de crédit facile9, de régulations et de supervisions inadéquates10 ou d'inégalités croissantes11. Avec la baisse des actions et des prix des maisons, de grandes banques américaines et européennes ont perdu beaucoup d'argent. En dépit des aides massives accordées par les États pour pallier les menaces de faillite et de crise bancaire systémique, il en a résulté une récession mondiale qui a conduit à un ralentissement du commerce international, à une hausse du chômage et à une baisse des prix des produits de base.
En 2009, les pays ont en général opté pour des politiques de relance. Début 2010, si la plupart semblent sortir de la récession, le FMI reste prudent12. Le chômage persiste, d'importants déséquilibres dans les balances des transactions courantes demeurent, et des risques d'éclatement de nouvelles bulles financières sont à craindre13.
Sommaire
• 1 Le contexte
o 1.1 Le dégonflement de la bulle immobilière
o 1.2 Le boom des matières premières
o 1.3 Inflation
• 2 Les causes
o 2.1 Débat sur les origines de la crise
2.1.1 L'endettement des américains et la bulle immobilière
2.1.2 Les déséquilibres de la balance commerciale américaine
2.1.3 La non-régulation des produits dérivés
2.1.4 La baisse des taux directeurs de la Fed
o 2.2 La modélisation de l'économie en question
2.2.1 L'illusion du « marché parfait »
2.2.2 La finance : “hasard sage” ou “hasard sauvage” ?
• 3 Les conséquences
o 3.1 Les grands traits
o 3.2 Entrée des pays en récession
o 3.3 Commerce international et production industrielle
o 3.4 Emploi
o 3.5 Marchés financiers
o 3.6 Voyages et tourisme
o 3.7 Pays les plus affectés par la crise
o 3.8 Les risques d'instabilité politique liés à la crise
• 4 Les politiques de lutte contre la crise
o 4.1 Les politiques monétaires
o 4.2 Les plans de relance
4.2.1 Chronologie des plans de relance
4.2.2 Les débats autour des plans de relance
o 4.3 Premiers bilans
4.3.1 France
4.3.2 Suisse
4.3.3 Allemagne
4.3.4 États-Unis
4.3.5 Chine
o 4.4 Les effets des plans de relance et de la crise financière sur la dette publique
• 5 Investir pour préparer le monde de l'après-crise
• 6 La crise jusqu'à quand ?
o 6.1 Quelques avis donnés en 2009
o 6.2 2010 : fin de la crise entendue comme une grande récession ?
o 6.3 La crise comme révélateur des défaillances des structures économiques mondiales
6.3.1 Les déséquilibres commerciaux
6.3.2 La coopération internationale et rééquilibrage mondial
6.3.3 Le problème des classes moyennes
• 7 Notes et références
o 7.1 Notes
o 7.2 Références
• 8 Voir aussi
o 8.1 Articles connexes
o 8.2 Liens externes
o 8.3 Bibliographie
Le contexte
Le dégonflement de la bulle immobilière
Prix des maisons au Royaume-Uni de 1975 à 2006.
En 2005, The Economist14 notait une hausse rapide du prix des logements dans les pays développés. En cinq ans leur valeur était passée de 30 000 milliards de dollars à 70 000 milliards de dollars. A la mi-2005, Alan Greenspan, alors à la tête de la Fed, notait déjà une bulle immobilière aux États-Unis (il a déclaré « at a minimum, there's a little froth » ("au minimum il y a un peu d'écume"))15. D'autres pays connaissent également des bulles immobilières, en raison de l'excédent mondial de liquidités, par exemple le Royaume-Uni, l'Espagne et la France.
L'éclatement de la bulle immobilière dans de nombreux pays (États-Unis, Espagne, Royaume-Uni, France) a réduit l'activité dans le secteur de la construction, entraînant un effet négatif sur le PIB. La baisse des prix immobiliers provoquent un effet richesse négatif sur les ménages propriétaires et les incitent à épargner.
Le boom des matières premières
Brent Baril de pétrole prix spot, Mai 1987 – Mar. 2009.
Les prix des matières premières ont connu un boum à partir de 2000 après une période de prix bas sur la période 1980-2000. En 2008, les prix de nombreuses matières premières, notamment le pétrole et les produits agricoles montèrent si haut qu'ils firent resurgir le spectre de la stagflation16. Ces hausses s'expliquent notamment par la spéculation. Le marché financier étant orienté à la baisse, des spéculateurs se sont réfugiés dans le commerce des matières premières, notamment le pétrole et les produits agricoles, amplifiant artificiellement la hausse des cours.[réf. nécessaire]
Le 2 janvier 2008, le prix du baril de pétrole dépassa 100 dollars17. Ces prix élevés causèrent une très forte baisse de la demande[réf. nécessaire] aggravée encore par la crise financière de 2008 qui a conduit à une forte baisse des prix : le baril de pétrole coûtait moins de 35 dollars fin 200818. Les problèmes pétroliers et ceux liés à la hausse des produits agricoles furent l'objet de discussions au 34e sommet du G8 en juillet 200819.
En 2009, seuls les produits agricoles devraient échapper à la récession20. Selon la FAO, 973 millions de personnes souffriraient de sous-nutrition en janvier 2009 et le nombre de personnes mal nourries aurait augmenté de 40 millions en 200821. Sur le pétrole, les experts sont partagés. Pour l'Agence internationale de l'énergie (AIE) la production d'hydrocarbures devrait croître jusqu'en 203022. De son côté, Jean-Luc Wingert de l'Aspo (Association for the Study of Peak Oil), estime que « s'il est probable que la crise reporte à plus tard le pic pétrolier... il est plus probable encore que nous soyons entrés dans une ère chaotique...prix et production jouant au yo-yo »22.
Inflation
En février 2008, Reuters annonçait que l'inflation mondiale était à un niveau historique, et que l'inflation était à son niveau le plus haut depuis 10-20 ans dans de nombreux pays23. Plusieurs raisons à l'inflation ont été avancées : la politique monétaire expansive de la Fed pour faire face à la crise financière, la spéculation sur les produits de base, la hausse des prix des importations en provenance de la Chine, etc24.
À la mi-2007, les données du FMI montraient que l'inflation était à son plus haut dans les pays exportateurs de pétrole du fait qu'il ne "stérilisait" les devises étrangère. Ce terme technique signifie que les apports de devises étrangères servaient à accroitre la masse monétaire d'où un excès de monnaie par rapport aux biens et services disponibles. Cependant l'inflation était également forte dans les pays en développement non exportateurs de pétrole 25. L'inflation était également croissante dans les pays développés 26,27 mais restait faible par rapport aux pays en développement.
Les causes
Débat sur les origines de la crise
L'endettement des américains et la bulle immobilière
Les prêts hypothécaires américains ont été, à l'été 2007, l'élément déclencheur de la crise financière qui a entraîné la crise économique de 2008-2010. Ce qui pousse certains économistes à placer l'origine de la crise dans l'endettement des agents économiques américains.
S'ils n'ont pas à eux seuls provoqué une crise d'une telle ampleur, les prêts hypothécaires à risque (subprime) ont été l'élément qui a déclenché le mouvement touchant tout le système financier déjà fragilisé par :
• le transfert des actifs des banques au marché
• la création d'actifs complexes et opaques,
• l'incapacité des agences de notation à évaluer les risques des actifs,
• l'application de normes comptables dite de « fair value »,
• enfin, selon certains, les défaillances des régulateurs et des superviseurs à corriger les failles28.
Les déséquilibres de la balance commerciale américaine
Une partie de la crise économique viendrait du déséquilibre de la balance commerciale américaine et de l'excédent chinois – qui pousse les États-Unis à emprunter massivement aux chinois, mais aussi aux Japonais et aux pays producteurs de pétrole. Autrement dit, « une partie de la crise est due au déséquilibre entre une Amérique qui dépense et emprunte trop et une Chine qui consomme et importe trop peu »29.
La non-régulation des produits dérivés
Le 15 octobre 2008, Anthony Faiola, Ellen Nakashima et Jill Drew ont écrit un long article dans The Washington Post intitulé « What Went Wrong »30. Dans leur enquête, les auteurs soutiennent qu'Alan Greenspan (Ancien président de la Réserve fédérale des États-Unis), Robert Rubin (Ancien Secrétaire du Trésor) et Arthur Levitt (Ancien président de la SEC) se sont opposés avec force à une régulation des instruments financiers connus sous le nom de produits dérivés. Ils ajoutent que Greenspan a cherché à saper les efforts de la Commodity Futures Trading Commission quand, sous la direction de Brooksley E. Born, elle a cherché à réguler les dérivés. Finalement, c'est ce type de produits qui aurait conduit à la crise économique.
La baisse des taux directeurs de la Fed
Une autre théorie, avancée par des représentants de l'École autrichienne d'économie, accuse la décision d'Alan Greenspan de baisser les taux directeurs de la Fed à 1% pendant un an. Cette politique aurait engendré un montant énorme de prêts qui aurait conduit à un boom insoutenable31,32.
Cependant, certains considèrent que l'action de Greenspan dans les années 2002–2004 a été motivée par la nécessité de sortir l'économie américaine de la récession qui a suivi, au début des années 2000, l'éclatement de la bulle Internet. Ce faisant, il n'aurait pas pu éviter la crise mais l'aurait seulement retardée33,34.
La modélisation de l'économie en question
L'illusion du « marché parfait »
Thierry de Montbrial estime que « l'illusion du marché parfait était d'une naïveté extrême » et que « l'illusion a été entretenue par la révolution des technologies de l'information qui, appliquée à la sphère financière, a entraîné une mutation complète du système »35.
En termes keynésiens, cette illusion s'est accompagnée de la non prise en compte des « esprits animaux » des acteurs et de l'absence d'une réflexion sur la manière de les canaliser36 . D'où une réflexion engagée, une fois la crise survenue, sur la taille des banques et sur les moyens d'éviter qu'elles récupèrent les bénéfices et fassent supporter les pertes par les contribuables et l'ensemble du tissu économique.
La finance : “hasard sage” ou “hasard sauvage” ?
L'outil mathématique, qui a partiellement servi à justifier la financiarisation de l'économie est-il le bon ? La question revient à savoir si les cours financiers suivent un “hasard sage”, du type du pollen dans le mouvement brownien ou au contraire un « un “hasard sauvage” qui, comme son nom l'indique, est beaucoup plus insaisissable »37,38.
Les financiers en grande majorité sont partis de l'hypothèse que les cours financiers suivaient un “hasard sage”, d'où l'application d'un certain type de mathématiques financières et l'adoption à partir de 1993 à l'initiative de la banque JP Morgan39 de la VaR (Value at Risk) pour mesurer les risques financiers reposant sur des probabilités respectant la loi normale. Cet instrument a favorisé l'innovation et permis aux banques d'« échapper le plus possible à toute forme de régulation contraignante » et de « pouvoir profiter à plein de la période d'euphorie financières des quinze dernières années ».
Pour d'autres, les cours financiers suivent un “hasard sauvage”. Dès 1973, partant d'une hypothèse de “hasard dur”, Benoit Mandelbrot a développé la théorie des fractales qui, a été mal acceptée par les praticiens des marchés financiers. Avec la crise, la théorie du “hasard sage” en finance est de plus en plus remise en question. David Viniar, alors directeur financier de Goldman Sachs, a vu au moment de la crise de 2007-2010 des « choses qui étaient à 25 écarts-types, pendant plusieurs jours »39 ce qui, [au regard du modèle classique (lois normales)], « a la même probabilité que de gagner 20 fois de suite au Loto »40.
D'autres économistes posent encore plus radicalement le problème de la mathématique financière. Par exemple, pour Jon Danielsson de la London School of Economics, la « finance n'est pas la physique ; elle est plus complexe »41 et les financiers jouent avec les modèles, ce que ne fait pas la nature.
Les conséquences
Les grands traits
Aux États-Unis, le National Bureau of Economic Research (NBER) a publié en décembre 2008 une analyse estimant que les États-Unis sont en récession depuis décembre 200742,43, mettant fin à un cycle de croissance de 73 mois commencé en novembre 2001. Pour dater le début de la récession, le NBER se base sur « des facteurs autres que les mouvements ambigus de la mesure trimestrielle du produit national sur le plan de la production »44. Il utilise pour définition d'une récession le « déclin significatif et durable (plusieurs mois) de l'activité économique qui se diffuse dans toute l'économie et qui est usuellement perceptible à travers notamment les indicateurs de production, d'emploi, de revenu etc42. ». Aux États-Unis les crises les plus importantes de l'après-guerre (1974 et 1981) ont duré environ seize mois45. James Mirrlees, « prix Nobel » d’économie 1996, envisage une récession de trois ou quatre ans45.
En novembre 2008, l'OCDE a publié des estimations et prévisions selon lesquelles plusieurs pays membres (entre autres la Zone euro, les États-Unis et le Japon) auraient une croissance négative en 2009 et connaîtraient une montée du chômage, le nombre de chômeurs dans l'ensemble des pays de l'OCDE passant de 34 millions à l'automne 2008 à 42 millions en 201046. En moyenne sur les pays de l'OCDE, le PIB diminuerait de 0,4 % en 2009 et croîtrait de 1,5 % en 201047. Le creux économique serait atteint mi-200947.
Cette crise a également montré l'absence de découplage entre les cycles économiques et financiers des pays développés et ceux du reste de la planète48. En effet le ralentissement en Europe et aux États-Unis se transmet aux autres par le biais d'importations moindres49 et de réduction des flux d'investissements. Par ailleurs la crise économique a entraîné une baisse des cours des matières premières (pétrole etc.) qui affecte notamment l'Argentine, une partie des pays d'Afrique et la Russie50. Enfin ces pays sont également directement affectés par la crise financière d'une part parce qu'ils subissent les effets du resserrement du crédit, par les problèmes que connaissent leur système bancaire et par le fait que de nombreux pays qui ne disposent pas d'une monnaie considérée comme « sure » voient la crise financière se doubler d'une crise monétaire d'autant qu'ils ont parfois empruntés en devises étrangères. C'est notamment le cas de l'Islande (voir crise financière de 2008 en Islande) et de l'Ukraine, qui étaient fortement endettés à l'international en monnaie étrangère, ce qui les a rendu vulnérables à une dépréciation de leur propre monnaie.
Les pays les plus touchés sont la Hongrie, l'Espagne, l'Irlande, l'Islande, le Luxembourg, le Royaume-Uni et la Turquie51.
Entrée des pays en récession
Second semestre 2008 : Estonie52, Lituanie53, Irlande54 et Nouvelle Zélande55.
• Troisième trimestre : Japon56, Suède57, Hong Kong58, Singapour59, Italie60, Turquie et Allemagne61. 15 pays utilisant l'Euro sont entrés en récession au troisième semestre62. Par ailleurs l'Union Européenne, les pays du G7 et tous les pays de l'OCDE ont eu une croissance négative au troisième trimestre
• Quatrième trimestre : États-Unis, Royaume-Uni, Espagne63, la Suisse64 et Taiwan65.
o Des sept plus grandes économies en termes de PIB seules la Chine et la France ont évité une récession en 2008. Dans l'année qui va jusqu'au troisième trimestre 2008, la Chine a connu une croissance de 9% (jusqu'à une date récente, une croissance de 8% était considéré comme le minimum nécessaire pour absorber la main d'oeuvre qui quittait la campagne pour la ville66).
• L'Ukraine est en dépression depuis janvier 2009 avec une baisse du PIB de - 20% 67.
Commerce international et production industrielle
À la mi-octobre 2008, le Baltic Dry Index qui permet d'évaluer l'activité maritime a baissé de 50% en une semaine alors que le resserrement du crédit rendait plus difficile l'obtention de lettres de crédit par les exportateurs68.
En février 2009, The Economist annonçait que la crise financière avait conduit à une crise de la production industrielle. Les plus fortes baisses d'activité se situant dans les pays tournés vers l'exportation69.
En mars 2009, le journal britannique Daily Telegraph rapportait que de janvier 2008 à janvier 2009, la production industrielle avait chuté de : 31% au Japon, 26% en Corée du sud, 16% en Russie, 15% au Brésil, 14% en Italie, 14% en Allemagne70.
Quelques analystes soutiennent même que nous serions entrés dans une période de démondialisation et de protectionnisme après des années d'intégration économique croissante71,72.
Les fonds souverains et les investisseurs privés du Moyen-orient et d'Asie (y compris la Chine)73 achètent de façon croissante des parts de sociétés européennes ou américaines y compris dans le domaine industriel74. En effet, suite à la récessions elles sont à des prix très abordables75,76. Le gouvernement chinois s'est particulièrement intéressé au secteur des ressources naturelles partout dans le monde77 dans le but de sécuriser son approvisionnement en pétrole et minéraif78.
Emploi
Pour l'organisation internationale du travail (OIT) au moins 20 millions d'emplois devraient être perdus d'ici fin 2009 et le nombre de personnes au chômage dans le monde devrait atteindre environ 200 millions de personnes. Les principaux secteurs touchés seraient : le bâtiment, l'immobilier, les services financiers et le secteur automobile79. Si la récession s'intensifie, le nombre de personnes sans emploi devrait croître de 50 millions selon les prévisions de l'OIT80.
En novembre 2008, l'OCDE a publié des estimations et prévisions selon lesquelles plusieurs pays membres (entre autres la Zone euro, les États-Unis et le Japon) connaîtraient en 2009 une montée du chômage, le nombre de chômeurs dans l'ensemble des pays de l'OCDE passant de 34 millions à l'automne 2008 à 42 millions en 201046,47.
Dans les Perspectives pour l'emploi publiées en septembre 2009, l'OCDE que depuis fin 2007, les pays membres de l'organisation avaient vu le nombre de chômeurs progressé de quinze millions de chômeurs et prévoit dix millions de chômeurs dans les mois qui viennent81.
Marchés financiers
Articles connexes : crise des subprime, crise financière de 2008 et crise financière de 2007-2009.
La crise économique qui peut être aussi vue pour partie comme le versant économique de la crise financière de 2007-2009, a eu trois conséquences
• Un accroissement de la concentration bancaire (par exemple: le 3 octobre 2008, Wachovia est rachetée, pour 15 milliards de $ par Wells Fargo, redonnant à ce dernier la première place mondiale82, le 5 octobre 2008, BNP Paribas prend le contrôle de Fortis en Belgique et au Luxembourg pour 14,7 milliards d'euros, tandis que l'État belge devient le premier actionnaire du groupe français83 etc..
• Un fort engagement des pouvoirs publics pour sauver les banques et par là le système financier. Cet engagement s'est traduite par une aide directe des États aux banques par voie de recapitalisation et de garanties apportées pour certains actifs (Voir Plan Paulson] et enfin baisse des taux d'intérêts des banques centrales (celles-ci bien que non directement liés à l'État de nos jours sont quand même la propriété de tous et ont pour mission de protéger le bien commun).
• Mise en place de nouvelles régulations financières (en cours de réalisation en juin 2009).
Voyages et tourisme
Selon Zagat'z 2009 U.S. Hotels, Resorts & Spas survey, les voyages d'affaires ont décru l'an passé suite à la récession. 30% des personnes interrogées déclaraient voyager moins pour affaire tandis que seulement 21% affirmaient voyager plus.84 Les raisons de ce déclin incluent des changements de la politique des entreprises dans ce domaine, l'incertitude économique, et les prix élevés du transport aérien. Les hôtels répondent à cette baisse par des promotions et des négociations avec les hommes d'affaires et les touristes8485.
Pays les plus affectés par la crise
Si la crise affecte tous les pays, certains sont plus touché que d'autres. Trois indicateurs permettent de mesurer l'impact de la crise et de dresser un tableau d'ensemble : les dévaluations, la baisse des cours des actions et la montée des "spreads" (différentiel de taux d'intérêt) des obligations émisent pour financer les budgets publics86. Selon le International Economics Bulletin de juin 2009 de la Carnegie Endowment for International Peace trois pays d'Europe de l'est - Hongrie, Pologne, et Ukraine - tout comme l'Argentine et la Jamaïque sont les pays les plus touchés par la crise86. Au contraire la Chine, le Japon, et les États-Unis sont relativement moins touchés87.,
Les risques d'instabilité politique liés à la crise
En décembre 2008 la Grèce a connu une période de trouble qui s'est poursuivie jusqu'en février88.
En janvier 2009, suite à des protestations et a des heurts avec la police liés à la façon dont le gouvernement islandais avait géré l'économie, de nouvelles élections ont du être organisé deux ans avant le terme normal.
Suite à la crise financière des troubles sont également survenus en Lettonie et en Lituanie89,90.
Les pays asiatiques ont également été le théâtre de diverses protestations. Les communistes alliés à d'autres ont manifesté à Moscou91 pour protester contre les plans économiques du gouvernement. Des manifestations ont aussi eu lieu en Chine92 où, suite à la baisse de la demande des pays de l'Ouest, les exportations ont fortement baissé provoquant une hausse du chômage.
À compter du 26 février 2009, un Economic Intelligence Briefing a été ajouté aux intelligence briefings quotidiens préparés pour le président des États-Unis93.
Le journal Business Week note dans son édition de mars 2009 que l'instabilité politique globale s'accroît suite à la crise et crée de nouveaux challenges qui doivent être gérés94. L'agence Associated Press raporte en mars 2009 que Dennis Blair, directeur du renseignement national (National Intelligence en anglais) des États-Unis a déclaré que la détérioration de l'économie pourrait conduire à une instabilité politique dans de nombreux pays en développement95. Quelques pays développés pourraient même connaître une instabilité politique96. Le site npr.org rapporte que David Gordon, un ancien intelligence officer qui maintenant conduit des recherches à l' Eurasia Group, a déclaré quelque chose comme : de nombreux, sinon la plupart des grands pays peuvent s'accommoder de la faiblesse de l'économie sans faire face à une instabilité politique de grande ampleur si nous sommes dans une récession de durée normale. Si elle dure plus longtemps, alors les paris sont ouverts97.
En mars 2009, la maison d'un ancien dirigeant de la Royal Bank of Scotland est vandalisée. L'incident a été précédé de menaces adressées aux bénéficiaires de bonus de l'assurance American International Group (AIG)98,99.
Les politiques de lutte contre la crise
Les politiques monétaires
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Avec la crise, les banques centrales ont conduit des politiques monétaires visant à injecter des liquidités en abaissant leur taux directeurs et en recourant à des méthodes dites « non othodoxes ». Au premier trimestre 2009, la Fed a acheté 44% des émissions nettes d'emprunts d'États, prés de 30% au deuxième trimestre, au cours du quatrième elle devrait se retirer.100 Cette politique a des effets positifs en venant en soutien des politiques de relance et en facilitant le recours à l'emprunt par les États,, mais elle a aussi des points plus négatifs. Par exemple Patrice Blanc le directeur de Newedge, un des leaders mondial du courtage des dérivés craint « la formation d'une nouvelle bulle sur les marchés »101 suite d'une part aux taux très bas et d'autre part à des opérations de "carry trade" sur le dollar.
Toutefois, pour l'économiste Daniel Cohen l'excès de liquidités ne viendrait pas principalement des politiques monétaires et notamment celle d'Alan Greenspan qui est souvent vue comme à l'origine de la présente crise financière. Elle tiendrait surtout à deux facteurs plus structurels : le fort excédent commercial chinois et les pays producteurs de matières premières qui placent une très grands parts de leurs excédents sur les marchés financiers 102.
Les plans de relance
Articles connexes : Plan de relance économique des États-Unis de 2009 et Plan de relance économique de la France de 2008.
Le plan de relance de l'économie française annoncé en octobre 2008 puis complété en janvier 2009, s'est élevé à 48 milliards d'euros, dont 26 milliards pour les PME (17 milliards à travers les banques - livrets d'épargne populaire pour les prêts aux entreprises - et 5 milliards à travers la garantie bancaire d'OSEO, complétés de 4 milliards supplémentaires sur 2009). Ce plan est désormais mis en œuvre par Patrick Devedjian. Le président Nicolas Sarkozy a posé comme condition aux banquiers limitent leur bonus103 et les dividendes versés aux actionnaires104. Certains banquiers acceptent de jouer le jeu tout en indiquant que les aides aux banques ne sont pas des subventions mais des prêts qui seront intégralement remboursés et largement profitables à l'État105. Les bonus bancaires ont été taxés dès 2010106. Le plan de relance prévoyait par ailleurs 1000 projets, chantiers d'infrastructures publics107. Ces projets ont été annoncés par le Premier ministre, François Fillon, le 2 février 2009108.
Le Royaume-Uni a mis en place un plan de recapitalisation de ses banques en difficulté. Il a tenté d'imposer des baisses de taux d'intérêt109. Pour autant, au Royaume-Uni comme dans d'autres pays, l'accès au crédit a pu se resserrer face à une situation économique qui s'aggravait110. Le gouvernement britannique a établi un plan de relance de 10 milliards d'euros pour les PME anglaises111. L'état britannique a en partie nationalisé ses banques : il va monter de près de 60% à 70% du capital de la Royal Bank of Scotland ; il détient également près de 44% de la nouvelle banque Lloyds Banking Group, issue du rachat de HBOS par Lloyds TSB112. Gordon Brown sollicite une solution internationale113. En mars 2009, lors de son déplacement à Washington, Gordon Brown a proposé un «New Deal global» à Barack Obama114. Ce nouveau New Deal prendrait la forme d'"un accord selon lequel chaque pays injecterait des ressources dans son économie" en vue d'une "relance verte" de l'économie. Il suppose aussi que tous les pays "se mettent d'accord sur des principes communs de régulation financière" et sur "des changements dans leur système bancaire"115.
L'Espagne a mis en place depuis le début de l'année 2008 un plan de soutien de plus de 20 milliards d'euros pour la relance de l'économie116.
Le gouvernement norvégien a présenté un plan de 100 milliards de couronnes (11 milliards d'euros) destiné à relancer les prêts aux ménages et aux entreprises et atténuer les effets de la crise financière117.
Berlin a adopté un plan de relance de 60 milliards d'euros en 2009118119. Angela Merkel s'est vue contrainte d'amplifier les mesures de soutien pour 2010, face aux difficultés grandissantes des banques régionales allemandes pour financer l'économie. La chancelière a indiqué vouloir "suivre l'évolution de la situation et prendre de nouvelles mesures si c'est nécessaire" pour apporter des liquidités aux entreprises. Elle a défendu devant les députés le projet de budget 2010, qui prévoit un déficit record de 85,8 milliards d'euros120121.
Aux États-Unis, Barack Obama a fait voter au congrès un plan ambitieux de 825 milliards de dollars, sur deux ans, pour la relance de l'économie américaine122. Le nouveau Président américain choisit d’investir dans l’énergie, l’éducation, la santé et les nouvelles infrastructures123. La nouvelle administration a par ailleurs promis un contrôle plus sévère de l'affectation des 350 milliards de dollars restants du plan Paulson de sauvetage du système financier adopté fin 2008 par le gouvernement Bush. Enfin, le gouvernement américain soutient fortement les programmes d'innovation à travers le SBIR (Small Business Innovation Research): pour l'accès des PME aux marchés des grandes entreprises, mais aussi en finançant, sur aides publiques en subventions, de nombreux programmes de R&D124. Sur les 800 milliards d'euros du plan de relance américain, 37 milliards sont consacrés aux technologies numériques125. Lors de sa première conférence de presse depuis son investiture, Barack Obama a rappelé que «l’État est désormais le seul acteur économique à pouvoir sortir l’économie de l’ornière, et les baisses d’impôts ciblées ne peuvent pas résoudre les problèmes financiers. Le gouvernement fédéral est la seule entité qu’il reste, avec les ressources nécessaires pour réanimer l'économie.»126. À partir de 2010, le président des États-Unis entend réguler le marché bancaire et financier et taxer les profits bancaires127. Par cette politique de type keynésienne, les Etats évitent les erreurs qui avaient aggravées la crise des années 30 (dite Grande dépression).
Le Québec table sur un soutien des PME dans leur accès au crédit par une garantie des financements (1 milliard de dollars). Ce programme d'accès au crédit, intitulé Renfort, s'adresse aux entreprises en exploitation depuis au moins trois ans, et qui doivent avoir généré des fonds positifs dans deux des trois dernières années. La Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI), regrette que le gouvernement ne fasse pas plus d'effort à travers des aides directes auprès des plus petites entreprises en difficulté 128.
Le gouvernement chinois a lancé dès 2009 un plan de plus de 500 milliards de dollars également pour soutenir la demande intérieure et les investissements innovants129.
Des risques de protectionnisme de la part des États apparaissent pour protéger les emplois de la mondialisation130. Or cette tendance est volontairement freinée car dangereuse à plus long terme pour la croissance mondiale.
Un rapport de l'OCDE131 (Objectif Croissance 2009) publié le 3 mars 2009, préconise de façon prioritaire les réformes qui ont pour but de renforcer le capital humain, de même que les réformes destinées à intensifier la concurrence sur les marchés de produits132133. Un nouveau rapport publié en mars 2010, préconise de s'éloigner peu à peu des plans d'urgence, au profit de politiques d'investissements (crédit d'impôt et subventions directes) en Recherche-Développement, de libéralisation de l'accès au commerce et aux professions libérales, afin de limiter le chômage longue durée, stimuler l'innovation et le développement de nouvelles entreprises et emplois134. L'assainissement de certaines autres dépenses publiques sera prioritaire135. Selon le rapport, les pays devront privilégier les mesures qui induisent un accroissement du taux d'emploi, jugées plus efficaces en termes de réduction du déficit public que celles qui passent par une hausse de la productivité de la main d'oeuvre. Une baisse du chômage réduit les prestations sociales et contribue donc à faire baisser le déficit, note l'OCDE.
Le sommet du G20 a posé, en avril 2009, les jalons d'un "nouvel ordre économique mondial" basé sur l'identification des paradis fiscaux, le triplement des ressources du Fonds monétaire international et un fonds d'aide au financement du commerce et de relance des échanges mondiaux136.
Chronologie des plans de relance
Les États ont lancé ou prévoient de lancer des politiques de relance avec la volonté affichée de réduire l'ampleur de la crise économique :
• Au début de 2008, le gouvernement fédéral américain avait mis de l'avant un programme de relance de 168 milliards USD137 ;
• En septembre 2008, le gouvernement fédéral américain met en place le Plan Paulson, un programme de 700 milliards USD d'apurement de la crise financière138 ;
• Le 14 octobre 2008, l'Australie annonce un plan de relance de 65 milliards de dollars américains ;
• Le 28 octobre, le gouvernement du Royaume-Uni crée un plan de sauvetage bancaire139 ;
• Le 30 octobre, le Japon annonce un plan de relance de 260 milliards de dollars américains augmentant d'autant le budget de l'État japonais ;
• Le 5 novembre 2008, l'Allemagne annonce un plan de 63 milliards de dollars américains ;
• Le gouvernement chinois annonce le 9 novembre un plan de relance de 15% du PNB dans les deux ans à venir pour relancer la croissance. Les 4 000 milliards de yuans (soit 454 milliards d’euros ou 573 milliards de dollars américains) iront à des grands travaux d’infrastructures (beaucoup de travaux ferroviaires, de ports, d'autoroutes et de grands travaux hydrauliques (45%), à la reconstruction du Sichuan (25%), au développement des campagnes (9.25%), à l'environnement, principalement des stations de traitement des eaux usées (8,7%), des logements sociaux (7%) et pour la santé (1%)). Ce budget prévu contient les 1 000 milliards de yuans décidés pour la reconstruction de la province du Sichuan en juin 2008 suite au séisme du Sichuan de mai 2008140 ;
• Le 18 novembre, le Congrès américain dépose un projet de loi visant à établir un plan de 700 milliards de dollars américains ;
• Le 24 novembre, le gouvernement du Royaume-Uni détaille un plan de relance de 30 milliards de dollars américains ;
• Le 26 novembre, confirmation par Bruxelles d'un plan européen de 163 milliards de dollars américains. Il s'agit ici surtout d'assurer un minimum de cohésion entre les plans de relance nationaux qui constituent l'essentiel du chiffre annoncé141.
• Le 4 décembre, le président français présente un plan de relance de 26 milliards d'euros (11,4 milliards destinés au soutien de la trésorerie des entreprises, 10,5 milliards aux investissements publics, 2 milliards au logement et à l'automobile, 1,2 milliards aux mesures emploi et 0,8 milliards à la prime de solidarité active142. Parallèlement, un ministre en charge de la relance est nommé. Sur ce plan les avis divergent, Bruno Ventelou craint qu'il relève du keynésianisme hydraulique143, au contraire pour Jean-Marc Vittori ce plan se situerait plutôt du côté d'une politique de l'offre144, car pour lui l'essentiel des mesures visent d'abord les entreprises.
• En janvier 2009, le gouvernement allemand annonce un deuxième plan de relance au montant de 50 milliards USD137 ;
• 25 mars 2009, le gouvernement du Royaume-Uni n'arrive pas à vendre autant de bons du trésor que prévu pour financer sa dette, Gordon Brown se voit contraint de renoncer à un nouveau plan de relance145
Les débats autour des plans de relance
Hélène Rey146, professeur à la London Business School, estime que si le risque de stagnation appelle des politiques de relance budgétaire, celles-ci peuvent également constituer une menace pour la capacité à émettre de la dette pour les États. Elle estime à 525 milliards de dollars le montant nécessaire pour maintenir aux États-Unis le taux de chômage à 5 %. Dans ce cas, concernant la situation financière, beaucoup risque de dépendre de ce que l'État pourra retirer de la revente des parts des banques et des institutions financières qu'il a recapitalisées.
Peer Steinbrück, ministre des finances allemand, a mis en garde le 6 décembre 2008 contre le risque de dépenser des sommes considérables en pure perte et d'augmenter la dette publique147. Il a critiqué la baisse de TVA décidée au Royaume-Uni, considérant que « la seule conséquence sera de porter la dette britannique à un niveau tel qu'il faudra une génération entière pour la rembourser148. »
Premiers bilans
France
En France, la croissance devrait s'améliorer en 2010, mais l'OCDE s'attend à une poursuite de la hausse du chômage qui a progressé de deux points entre fin 2007 et juillet 2009 où il a atteint 9,8%149
Suisse
La Suisse a mieux résisté à cette crise que d’autre pays. Le creux, atteint au deuxième trimestre 2009, a vu un recul total du PIB de 3,3%, un taux bien inférieur au Japon (-8,7%), l’Italie (-6,8%), le Royaume-Uni (-6,4%), l’Allemagne (-5,9%), les États-Unis (-4,1%) ou la France (-3,9%)150. Cependant, le chômage a fortement augmenté (+ 50 %). Le sauvetage de l’Union de banques suisses, la plus importante du pays, a cependant permis à la confédération de faire un profit d’1,2 milliard de francs sur l’exercice 2009. En 2009, le PIB a reculé de 1,9 %. En Europe, seul la Pologne et la Norvège ont fait mieux. Au deuxième trimestre 2010, le PIB était en hausse de 3,6% par rapport à l'année précédante, regagnant ainsi son niveau d'avant crise. Le gouvernement s'attent à une forte reprise de 2,7 % en 2010 puis la croissance devrait se tasser à 1,6 % l'année suivante. Le chômage devrait plafonner à 3,9 % en 2010 puis baisser à 3,7 % en 2011. La dette des collectivités publiques par rapport au PIB a passé de 41,1 % en 2008 à 38.8 % en 2009.151152
Allemagne
Le nouveau gouvernement a adopté des mesures de relance de façon à doper la demande intérieure et de moins dépendre des exportations.
États-Unis
États-Unis, le PIB a progressé de 0.9% au cours du troisième trimestre 2009 (3.5% en tendance annuelle), mais l'économie peine à créer de nouveaux emplois153 et en octobre 2009, le taux de chômage a passé les 10%154
Si la Fed continue début octobre à maintenir des taux d'intérêts directeurs compris entre 0% et 0,25%, elle commence à réduire ses interventions. Il faut dire que son bilan est passé de 875 milliards de dollars en août 2007 à 2.200 milliards en octobre 2009155
Chine
Sur les neufs premiers mois de 2009, la Chine a connu une croissance de 7,7%. Cette croissance est liée au plan de relance mais aussi aux banques chinoises qui ont fortement accru leurs prêts (75% de plus sur les neufs premiers mois de 2009 par rapport à l'année 2008)156. Mais environ 20% de ces sommes auraient été utilisées à des fins spéculatives provoquant une flambée boursière à la bourse de Shanghai et à la bourse de Hong Kong157.
Pour la Banque mondiale, la croissance chinoise a été tirée par les investissements et par la consommation qui s'est bien tenue. Toutefois pour cette institution le pays doit revoir son modèle de croissance fondé sur les exportation. En effet les pays développés clients de la Chine ne devraient pas connaître un redémarrage lent158 et par ailleurs des tendances protectionnistes semblent faire jour.
La croissance chinoise a eu un effet positif sur nombre de pays africains producteurs de matières premières qui ont vu leur croissance suite à la demande chinoise159. D'une façon générale ce pays semble vouloir renforcer son influence en Afrique notamment par le biais d'un fonds sino-africain de développement160
Les effets des plans de relance et de la crise financière sur la dette publique
Selon le FMI, la dette publique des dix pays les plus riches de la planète devrait passer de 78% en 2007 à 114% en 2014161. Les États-Unis devraient émettre pour 1 300 milliards de dollars de bons du trésor (qui servent à financer la dette publique) les pays européens quant à eux devraient en émettre pour une somme équivalente à 900 milliards de dollars162.
Lors du G20 de Londres en avril 2009, Les pays ont opté pour une relance globale de 5 000 milliards de dollars pour 2009 et 2010 qui devrait entraîner un dérapage budgétaire au niveau mondial de 2 500 milliards en 2009 et 2010163.
Par ailleurs à l'occasion de la crise financière de 2007-2010, l'Europe et les États-Unis ont accordé 14 000 milliards de dollars de garanties aux banques164. Kenneth Rogoff, un professeur d'économie d'Harvard, a étudié avec Carmen Reinhart les crises financières. Ils en ont tiré un livre intitulé This Time is Different d'où il transparaîtrait qu'une crise bancaire est souvent suivie quelques temps plus tard d'une crise de la dette publique165.
Investir pour préparer le monde de l'après-crise
Aux États-Unis, le National Economic Council a rédigé un rapport en septembre 2009, intitulé A Strategy For Innovation Driving Towards Sustainable Growth and Quality Jobs afin d'estimer les investissements (estimés 68 milliards d'Euros166) nécessaires pour préparer le pays au monde de demain. En France, la commission Juppé-Rocard aminée de préoccupations proches a remis en fin d'année 2009, un rapport intitulé Investir pour l'Avenir; priorités stratégiques d'investissement et emprunt national 167. Si l'accent est mis dans les deux cas sur l'innovation, les conseillers du gouvernement américain semblent plus se méfier que leurs homologues français des « gouvernements qui essaient de sélectionner des gagnants »168 car ils « finissent trop souvent par gaspiller les ressources et par étouffer plutôt que de stimuler l'innovation » notamment à cause « de l'influence néfastes des lobbies et des chasseurs de rente »
La crise jusqu'à quand ?
Quelques avis donnés en 2009
En règle générale les économistes distinguent trois grands scénarios de sortie de crise :, un scénario en V où la reprise suit immédiatement la dépression, un scénario en U, où après une période de dépression plus longue que dans le cas précédent, la croissance redémarre; un scénario en W où après la crise une (voire des) petite reprise suivie de rechute peut survenir avant une véritable sortie de la dépression.
En juin 2009, Daniel Cohen169 dans un article du Monde met en garde contre le danger de croire que la crise est finie. Il rappelle que pour l'OCDE et le FMI la croissance devrait rester négative jusqu'à la fin 2009.
Nouriel Roubini dans un article Des Échos du 18 août 2009, indique qu'après avoir cru à un scénario en U, il pencherait actuellement pour un scénario en W.
Pierre-Antoine Delhommais, dans un article du Monde du 6-7 septembre 2009 intitulé « La crise de 1929 n'aura pas lieu », estime que les gouvernements et les autorités monétaires grâce à des politiques actives de demande, au refus de recourir à des mesures protectionnistes et par des politiques de facilités monétaires, ont évité les erreurs commises durant la Grande Dépression de 1929. Aussi, il pense que le spectre d'un scénario à la 1929 peut être écarté.
Début octobre 2009, le FMI prévoit une reprise en 2010. La croissance devrait être faible en zone euro (0,3 %, 0,9 % pour la France), et forte en Chine 9 %, en Inde 6,4 %, en Afrique du Sud (4 %) et au Brésil (3,7 %)170.
2010 : fin de la crise entendue comme une grande récession ?
Article connexe : crise économique.
En janvier 2010, le FMI estime que la croissance mondiale progressera à un rythme de 3,9% en 2010171 alors que la Banque mondiale l'estime à 2,7 %. Dans ces conditions la crise entendue comme une récession devrait prendre fin dans la plupart des pays. Toutefois, ces prévisions en progression par rapport à celle de l'automne 2009 grâce en particulier au dynamisme des pays émergents, restent fragiles et dépendantes des plans de relance172
Sources : FMI et Les Échos du 27/01/2010
La crise comme révélateur des défaillances des structures économiques mondiales
Sur ce point, les économistes semblent relativement soucieux. Par exemple, Frédéric Lemaître173 a rendu compte de la 9e rencontre d'Aix-en-Provence organisé par le Cercle des économistes en titrant son article Et si la crise ne faisait que commencer ?. Il faut dire que si la récession semble sur le point de se terminer, les déséquilibres économiques (chômage, balances commerciales dettes) demeurent et que les structures financières et bancaires qui ont provoqué la crise n'ont pas réellement été changées.
Les déséquilibres commerciaux
Bien que la Chine commence à consommer davantage, les exportations restent pour eux très importantes et les déséquilibres commerciaux avec le reste du monde, notamment avec les États-Unis, risquent de perdurer. Gabriel Grésillon, dans les Échos, craint une concurrence mondiale exacerbée dans un contexte de Yuan (la monnaie chinoise) sous-évalué174. Lors de sa visite à Pékin en novembre 2009, Barack Obama n'a rien pu obtenir de concret sur la question de la parié dollar/yuan, qui conditionne un rééquilibrage des échanges entre ces deux pays 175. L'insistance de Dominique Strauss-Kahn, directeur du FMI présent à Pékin, pour que la Chine réévalue sa monnaie n'a rien pu y faire176. Pour Martin Wolf, l'attitude chinoise concernant la monnaie relève du mercantilisme, et les États-Unis auraient le droit de s'en protéger177.
Plus généralement, le système monétaire international ne comporte guère de mécanisme permettant un rééquilibrage des balances commerciales, d'où des questions sur le système international de l'après-Bretton Woods. Par ailleurs des doutes se manifestent concernant le dollar, même si aucune perspective crédible de lui substituer une autre devise ne semble se faire jour.
La coopération internationale et rééquilibrage mondial
Pour l'heure les G20 semblent avoir du mal à faire émerger une nouvelle gouvernance mondiale. Par ailleurs pour Martin WalkerN 1178« L'Occident, après plus de deux siècles de domination, va devoir apprendre à partager et à adopter des concepts tels que l'interdépendance ». Plus généralement cet auteur se pose la question d'un autre système faisant plus place aux autres cultures et plus écologiste.
Le problème des classes moyennes
Pour Martin Walker, la classe moyenne est la grande perdante de la crise. En fait le problème est complexe et on peut aussi se demander si le déclin des classes moyennes n'est pas une cause de la crise. En effet, les subprimes ont été inventées pour donner à la classe moyenne un pouvoir d'achat qu'elles ne pouvaient retirer de son travail. Quoiqu'il en soit le problème de la montée des inégalités se pose.
Dr Karol Chami
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