miercuri, 19 octombrie 2011

Un trouble de dépersonnalisation / déréalisation chronique,


Trouble de dépersonnalisation / déréalisation chronique, . Il s’est installé en réponse à une forme de phobie sociale QUI ne quitte plus le sujet. Et souvent expliquer la dépersonnalisation / déréalisation à des psys ou à des proches. Ces deux troubles sont très liés.
la déréalisation :
La déréalisation est une modification majeure du ressenti d’une personne, qui se traduit par une impression d’étrangeté par rapport au monde. On le décrit souvent comme avoir l’impression que tout est irréel, comme dans un rève. Voici les comparaisons qu’on utilise le plus souvent pour décrire cet état :Etre spectateur de sa vieAvoir un voile devant les yeuxFlotter à coté de soi, être en dehors de son corpsTout est distant, comme lorsqu’on est saoulImpression d’irréalité, comme dans un rêve
Pour moi, c’est avant tout la perte partielle de tous les affects, les émotions . On ne ressens plus le monde de manière directe et intuitive, mais à travers un voile. Toute la vie psychique se déplace massivement d’une expérience essentiellement sensorielle, vers un vécu massivement cognitif.
Quand je regarde un coucher de soleil, je sais que le monde est beau, mais je ne le ressens plus comme tel. C’est comme si j’étais détaché de la réalité, qu’elle ne me concernait pas.
Etre déréalisé, c’est expérimenter un doute méthaphysique de manière concrète. Le monde réel perd à nos yeux sa cohérence intrinsèque, plus rien ne parrait naturel et comme allant de soi. C’est comme si la conscience s’était détachée des axiomes de la réalité et tentait de divaguer, de surfer sur l’infinité des possibles : Une démarche intellectuelle permanente est nécessaire pour tenter de s’ancrer dans la réalité, pour se convaincre que le monde existe et qu’il est la seule alternative.
En pratique, au quotidien, les choses les plus banales me parraissent bizarres, surréalistes. “Pourquoi tout ça existe t’il”, “Pourquoi marche t’on”, “Pourquoi ai-je deux bras, deux jambes”, “Pourquoi existe t’on”, “Pourquoi suis je moi plutôt qu’un autre”, ....
D’ordinaire, l’expérience de la réalité se fonde sur des acquis innébranlables, les axiomes de la réalité : les choses qui sont et ne sont pas autrement. La déréalisation est comme un refus en bloc de la légitimité même de la réalité. L’esprit tente obsessionellement de creuser plus profond que ses acquis, il remet tout en question en permanence . La question centrale de tout ce processus est : “Pourquoi les choses sont elles comme ça et pas autrement”.A force de décortiquer les atomes de réalité, il en résulte une vision froide, mécanique et désabusée du monde. Les choses et les êtres m’apparaissent nus, tel qu’ils sont, comme un paquet d’atomes dénués de sens et d’essence.
Le monde vu de manière matérialiste et déterministe est profondément absurde et sec. Seule les sensations et les sentiments le colorent et lui donne un sens. Les affects sont la glue du ressenti de la réalité. D’ordinaire, la conscience y puise une impression de cohérence. ce sont les bases sur lesquelles la vie psychique (cognitive) se développe. Privé de ces bases, mon esprit fonctionne sur le souvenir de cette cohérence et rafistole en permanence ces piliers en les comblant artificiellement par des constructions intellectuelles.
En clair, je suis en permanence en train de tenter comprendre le pourquoi du comment. Ces ruminations obsessionelles sont une tentative désespérée de reconstruire artificiellement la cohérence perdue.
La vie est comme une sorte de tour de magie. Il faut prendre les sensations comme elles viennent. Si on tente de comprendre le truc, de tout décortiquer, la magie est perdue. Ici, le truc, c’est qu’il n’y a pas de truc. J’ai l’impression d’avoir fait le tour de la réalité, que les choses sont finalement simplement comme elles sont. Il n’y aurait rien de plus profond, pas de fluide de sens ni d’âme.
Ma plus grande crainte, ça serait d’avoir découvert la réalité profonde du monde. Comme si j’avais gagné en lucidité et que le monde était définitivement rien de plus qu’un amas d’atomes régi par des règles de physique, dans lequel des êtres conscients seraient apparus, balottés par une réalité aveugle et dramatiquement déterministe. Ils auraient ensuite développé d’une impression de libre arbitre illusoire. Les sentiments, l’amour, la foi, le bien le mal, la liberté ne seraient que des constructions nécessaires de la pensée, qui donneraient un sens tout relatif aux choses, pour rendre le monde plus supportable et conditionner les êtres à oeuvrer dans le sens de la reproduction de leur espèce.
Au fond, je me tape de ce qui est vrai ou pas. Je veux oublier à tout jamais avoir ressenti les choses de cette façon, en espérant que ça puisse s’oublier. Je veux retrouver mes sentiments et mon intuition.
Je choisis la pilule bleue.

La dépersonnalisation :
Je vais tenter ici de décrire au mieux ce qu’est pour moi le sentiment chronique de dépersonnalisation :
La dépersonnalisation est le pendant intérieur de la déréalisation :c’est un ressenti d’étrangeté par rapport à soi-même et à son propre fonctionnement mental, sa propre pensée ;c’est s’étonner d’exister et d’être soi plutôt que quelqu’un d’autre ;c’est ne plus se sentir attaché à l’image que nous renvoie le miroir ;c’est se souvenir d’un moment auquel on a participé avec la sentation de ne jamais y avoir été ;c’est avoir l’impression de ne jamais être vraiment présent, de ne pas exister.
J’ai en partie perdu le sentiment d’unité, d’individualité par rapport au reste du monde. Ma personnalité a tendance à se diluer vers l’extérieur. Elle est floue, moins évidente et immédiate.
Il m’est arrivé au début de ces troubles d’être sujet à des angoisses de néantisation et de morcellement : c’est la peur de perdre la continuité de son être, de disparaitre à l’intérieur de soi-même.
Parallèlement à ça, j’ai la désagréable impression de n’être qu’un spectateur de ma vie et de mon fonctionnment. Le point de vue de ma conscience s’est déplacé depuis une situation centrale vers un point plus périphérique. Je n’ai plus le sentiment d’être l’investigateur de mon propre fonctionnement, mais d’être simplement l’observation d’un fonctionnement automatique qui ne nécessite pas mon intervention.
J’en suis ainsi venu à ruminer sur des questions métaphysiques comme l’essence de l’individu, l’existence d’une âme ou le libre arbitre. J’en arrive au point où je me considère comme un simple objet : une machine biologique perfectionnée projetée dans l’absurdité de l’existence, consciente de son propre fonctionnement sans pour autant en avoir le contrôle.
Toutes mes émotions, ressentis, sentiments se sont aussi taris. S’il m’arrive de ressentir de la joie ou de la peine, c’est comme si ça ne me concernait plus. Comme si j’observais des manifestations de joie ou de peine chez une autre personne. Les questions qui accompagnent ces sensations sont “Pourquoi ma vie me concerne t’elle ? Pourquoi devrait je me sentir heureux quand quelque chose d’heureux m’arrive ?”
Voilà, tout ce bordel, c’est mon calvaire quotidien, l’errance d’une âme desséchée. Si Dieu passe dans le coin, ça serait bien qu’il me fasse un signe, avant que je ne croie définitivement plus en rien.


Dr med Karol Chami(A.Reditee)

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